Dans le thé â tre de Samuel Beckett il ne se passe « rien », dans tous les sens du terme. C’ est bien le problè me d’ une litté rature qui s’ efforce de redé finir l’ homme et le monde au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, é poque où l’ homme, ayant perdu ses valeurs, se sent malheureux et maudit. Ceci ouvre iné luctablement, au sens philosophique et linguistique de l’ expression, la voie au né gatif fondamental et destructeur « n » qui dé truit la pensé e, une fois atteint le projet de dé shumanisation. Mais n’ ayant, faute d’ actions et de matiè res scé niques, « rien à dire, rien à faire, ni rien à signifier », comme l’ avouent à l’ unanimité les personnages de la trilogie thé â trale En attendant Godot, Fin de partie et Oh les beaux jours, l’ homme beckettien est dé sormais autorisé à tout faire sur la scè ne. Il s’ agit d’ un texte produit à l’ instant de la repré sentation, aussi qualifié d’ é criture du rien, n’ ayant pour objectif que de dire « l’ indicible et l’ impensable ». Cette recherche souhaite approcher, à travers l’ oeuvre dramatique beckettienne, l’ é pineuse question de l’ animalisation (dé shumanisation et ré ification) du personnage et la dé gradation du langage qui en ré sulte pour en é tudier la consé quence sur la nouvelle approche d'art et de vé rité que l'auteur adopte. Nous nous aiderons, surtout pour la deuxiè me phase du travail, des é tudes persanes faites en Iran sur l'oeuvre de Beckett qui tendent à voir, derriè re l'apparente insignifiance qui envahit l'oeuvre, une tentative pour redé finir la mission de l'artiste.